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Êtes-vous victime de victimisation ?

Définition du terme "Victimiser" dans le dictionnaire Larousse : Considérer, désigner quelqu'un comme une victime.

Pour étayer un peu cette définition beaucoup trop courte à mon goût, voici comment je vois la victimisation : c'est le fait de reconnaître en quelqu'un d'autre, ou en soi-même, la victime d'une situation. Au contraire de la culpabilisation, la victimisation implique que la victime n'a aucune responsabilité dans ce qui lui arrive. La faute revient aux conditions extérieures (environnement, personnes, objets...) et la victime est donc plus à plaindre qu'à blâmer.


Parfois, il existe bien entendu des situations où la victime est réellement exempte de toute responsabilité par rapport à la situation. Prenons l'exemple des agressions sexuelles, des cas d'inceste, ou même des violences psychologiques et physiques perpétrées par ceux qui "détiennent" l'autorité. Dans ces cas-là, on aurait bien du mal à rendre la victime responsable de ce qui lui arrive, à moins d'être un peu... étroit d'esprit.

Mais dans de très nombreux autres cas, la victimisation est totalement subjective et égocentrique. Je pense aux situations de la vie courante, quand on voit quelqu'un s'en prendre verbalement à une personne qui, a priori, n'a rien demandé. On pense immédiatement que l'agresseur est mauvais, qu'il a tort. Pourtant, sait-on quoi que ce soit à propos de la situation ? Connaissons-nous ces deux personnes ? Savons-nous de quoi est partie la dispute ? Y aurait-il, peut-être, une bonne raison à la montée au créneau de celui qui parle fort et avec colère ? La plupart du temps, on ne se pose pas toutes ces questions, et on pose une étiquette "dérangé" sur le front de celui qui se donne en spectacle. De mon point de vue, c'est contraire à la bienveillance, et donc, à l'humanisme. Mettez-vous une seconde à la place de cette personne que vous jugez coupable sans lui laisser la possibilité de se défendre : et si c'était vous qui, poussé.e à bout, en veniez à sortir de vos gonds devant tout le monde ? Aimeriez-vous que les passants pensent que c'est vous, le problème ?


La prochaine fois que vous assisterez à une scène en public, faites-moi plaisir s'il vous plaît, et arrêtez de victimiser une personne dont vous ne savez rien, qui est peut-être bien pire, au fond, que la personne qui s'est laissée envahir par sa colère. Ou pas, mais après tout, ça ne vous regarde pas des masses... Vous n'en dormirez que mieux, du fait de ne plus juger à tort et à travers, sans savoir, et en plus vous représenterez une figure de sagesse auprès de votre entourage.


ATTENTION je ne parle pas ici des cas de scènes de violences psychologiques ou physiques auxquelles vous pourriez assister ! Seulement de "scènes de ménage" ou de crises de colère passagères qui peuvent ébranler n'importe qui, même le meilleur d'entre nous, quand il est vraiment au pied du mur...


Il existe deux grands types de victimisation


On trouve donc la victimisation de l'autre, d'une part, et la victimisation de soi-même, d'autre part. Et c'est là que ça devient intéressant, car même si vous l'ignorez, on se victimise souvent. Nous le faisons tous ! Il y a des degrés différents de victimisation personnelle, bien entendu, et tout n'est pas tout noir ou tout blanc, alors attendez de comprendre mon point de vue avant de juger que ce que je dis est faux, s'il vous plaît...


• Le plus haut degré de victimisation, que j'appelle la victimisation pathologique, concerne seulement ceux.celles qui refusent catégoriquement de voir qu'ils ne sont pas parfaits et de reconnaître leurs propres erreurs, concerne le fait de se dire, ou de dire aux autres, constamment, que ce n'est pas de leur faute. Celle-ci vient toujours de l'extérieur (c'est la faute des autres, du contexte, d'expériences négatives du passé, des parents...) mais jamais de soi-même. Je crois qu'on en connaît tous, des gens comme ça... Et c'est agaçant. Pour les aider à se rendre compte de leur façon d'être, vous pouvez essayer de leur présenter les choses sous un angle bienveillant, en leur disant que l'erreur est humaine, que personne n'est infaillible, et que c'est bien de faire des erreurs, car c'est la seule façon d'apprendre et d'évoluer. Je ne vous garantis pas que ça fonctionnera, mais au moins, vous aurez tenté de faire avancer les choses...


• Juste un cran en-dessous, on trouve la victimisation du oui-mais. Ce sont les gens qui se trouvent des excuses en permanence, sans pour autant rejeter catégoriquement la faute sur l'extérieur. Ce sont ceux qu'on entend souvent dire "Oui, mais" et "J'ai de bonnes raisons de faire ou de dire ça". Ils trouvent toujours un moyen d'échapper à leurs responsabilités morales. Et ça aussi, c'est agaçant. Si vous en avez assez d'entendre une personne de votre entourage se victimiser de cette façon, il est souvent bon de les secouer un peu. Tentez le coup, un jour où vous vous sentez d'attaque (évitez d'en arriver à ne plus supporter cette personne, car vos paroles seront sans doute trop violentes), et dites-lui clairement quelque chose du genre "Te rends-tu compte que tu te trouves toujours des excuses pour tout ?" ou encore "Pourquoi ne réfléchirais-tu pas autrement, en te demandant si, réellement, tu n'as pas attiré cette situation en toute connaissance de cause ?" Là encore, je ne vous garantis rien, mais les "électrochocs" de ce genre ont généralement de bons résultats sur ce type de personnes.


• Viennent ensuite la victimisation karmique (ou du destin, peu importe comment elles appellent ça). Celles-ci sont plutôt du genre fatalistes, tout en pensant que s'il leur arrive des trucs "pas cool", c'est essentiellement du au fait que, de toute façon, ils sont malchanceux de manière générale. C'est une excellente façon de se déresponsabiliser, après tout... Quoi de mieux, pour une victime, que de se dire que son libre-arbitre n'entre pas en ligne de compte ? Et pourtant, ces gens-là ne sauraient être plus dans le faux ! Chacune de nos décisions (prises en toute liberté) nous engage sur un chemin plutôt que sur un autre, et c'est souvent quand on choisit le mauvais qu'il nous arrive des bricoles... D'un autre côté, quand il se passe quelque chose de vraiment négatif, les victimes du karma ont aussi tendance à se dire que le sort s'acharne contre eux. Il peut s'agir de la perte d'un emploi pour raisons budgétaires jusqu'au décès d'un proche, peu importe la gravité et la souffrance engendrée par cet événement, ce type de victimes ne prendra jamais le bon côté des choses (quand il y en a un) ou n'acceptera la fatalité avec bienveillance (la perte d'un parent, même quand elle est violente, ne devrait pas entraîner ce genre de réaction toxique pour soi-même, mais plutôt un désir de se souvenir des meilleurs moments, une prise de conscience de l'amour qu'on lui portait et qu'on lui portera toujours, une envie de tout faire pour que ce parent, où qu'il se trouve à présent, soit fier de ce qu'on accomplit...). J'aime beaucoup cette citation, qui correspond bien à ce genre de victimisation : "La douleur est inévitable, mais la souffrance est facultative". Autrement dit, on ne peut éviter d'avoir mal, mais on peut choisir d'expérimenter et de vivre cette souffrance comme quelque chose de transformant. Essayez d'expliquer ça aux "victimes du karma" que vous connaissez, ça pourrait vraiment les aider à être heureuses...


• Enfin (et j'en oublie sans doute entre les deux), nous trouvons les victimes du quotidien, dont nous faisons à peu près tous partie. Vous êtes sceptique ? OK, alors écoutez ça : imaginons que vous êtes en retard à un rdv important et que, en voiture, alors que vous stressez énormément parce que l'heure du rdv est déjà dépassée, vous voyez la barrière d'un passage à niveau s'abaisser, et donc vous bloquer la route. Vous vous mettez à pester : "C'est pas vrai ! On me les aura toutes faites, aujourd'hui ! Je n'ai vraiment pas de chance. Allez, dépêche, le train !" ... Alors ? Toujours aussi sceptique ? Cet exemple peut s'appliquer à absolument tout ce qui va un peu (ou beaucoup) de travers dans la vie de tous les jours. Sur la route, c'est là qu'on s'en rend compte le plus facilement. Mais ça se passe aussi au travail ("je suis en binôme avec lui.elle aujourd'hui, c'est vraiment nul, c'est sûr que je ne vais arriver à rien" ou "ce client était tellement désagréable que je ne pouvais pas être poli.e, c'était impossible"), en famille ("les enfants me fatiguent tellement !" ou "il.elle a encore oublié de faire les courses, forcément c'est à moi de les faire !"), entre amis ("il.elle ne m'a pas invité.e à sa soirée, ce n'est pas un.e véritable ami.e" ou "il.elle ne comprend pas ce que je lui dis, il.elle est plus étroit.e d'esprit que je le pensais"), etc.


Dans le cas d'une situation sur laquelle vous n'avez aucun contrôle (l'exemple du train, sur la route, les décisions de votre patron, les actions et réactions des autres...), l'idée est d'arrêter de se victimiser, simplement en acceptant un état de fait comme étant ce qu'il est : c'est-à-dire être capable de se dire "c'est comme ça, je n'y peux rien, et je n'y suis pour rien".


Il n'y a pas d'un côté la victimisation et de l'autre la culpabilité

Au milieu, il y a simplement l'état de fait.


En revanche, dans le cas où vous auriez pu changer quelque chose à la situation (partir un peu plus tôt alors que vous le pouviez pour ne pas être en retard, être plus sympa avec votre ami.e qui vous aurait sans doute plus volontiers invité.e à sa soirée, expliquer différemment les choses pour que l'autre comprenne mieux, vous octroyer des moments rien qu'à vous pour être moins fatigué.e par les enfants ou le travail...), la victimisation est à bannir entièrement, car vous êtes bel et bien responsable de ce qui vous arrive, d'une manière ou d'une autre.


Arriver à accepter les choses comme elles sont, quand on ne peut rien y changer, vous aidera à un point que vous n'imaginez même pas à voir le bon côté des choses, plutôt que le mauvais. C'est une habitude à prendre, et comme toute bonne habitude à prendre, ça n'arrive pas du jour au lendemain, ça s'entretient. Chaque jour, dans une situation qui vous pousse à vous traiter en victime d'une manière ou d'une autre, essayez de vous dire que "de toute façon, c'est comme ça". Que vous râliez, que vous criiez, que vous tempêtiez n'y changera rien. Autant profiter de l'occasion, puisqu'elle est inévitable, pour réfléchir, regarder le paysage, observer, penser à autre chose... vous détendre !




Et vous ? Quel type de victime êtes-vous ?

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